Frères et Sœurs,
Dimanche, nous sommes appelés à voter à l’occasion du deuxième tour de l’élection présidentielle. Vous êtes nombreux à demander un avis ou de nouvelles prises de parole parce que l’inquiétude est grande quant aux conséquences de ce vote et que, pour beaucoup, ce choix est difficile.
Permettez-moi d’indiquer trois pistes :
1. Qu’aucun catholique n’aille voter sans avoir pris un vrai temps de prière et humblement demandé la lumière de Dieu. Il parle à ses enfants quand ils prennent ce temps « dans le secret ». Que le secret de notre chambre précède celui de l’isoloir ! On pourra se rappeler, par exemple, le critère de discernement proposé par Saint Ignace avant une grande décision : je m’imagine au jour de ma mort, la grande rencontre avec mon Seigneur : ce que j’aurais aimé avoir choisi, voté… C’est d’ailleurs un avertissement du Seigneur lui-même : « Méfiez-vous de vous-mêmes, de peur que vos cœurs ne s’alourdissent (…) Veillez donc et priez en tout temps afin d’avoir la force (…) de vous tenir debout devant le Fils de l’homme » (Luc 21, 34-36).
2. Avant de voter pour un programme, nous sommes appelés à choisir une personne. Au conclave, j’ai été frappé par la prière prononcée par chaque cardinal, au moment de déposer son bulletin de vote : « Je prends à témoin Celui qui me jugera au dernier jour que celui dont le nom est écrit sur ce bulletin est celui que, selon Dieu, je juge le plus apte à remplir cette mission. » En conscience, pour moi, lequel des deux candidats est le plus apte à devenir Président de la République ?
3. Quant aux programmes, voici 10 critères auxquels j’accorde une importance particulière et que j’énumère dans le désordre, excepté pour le premier qui est le bien suprême :
- la paix dans notre pays et dans le monde.
- la justice dans la répartition des biens et la priorité donnée aux pauvres.
- l’attention aux plus vulnérables : personnes handicapées, personnes âgées, isolées, tous ceux qui ont dû quitter leur pays à cause de la violence ou de la misère …
- le respect de la vie humaine dès son commencement et jusqu’à la mort.
- la vérité du mariage et l’attention aux familles
- un système éducatif qui serve vraiment la construction de la personnalité des enfants et des jeunes : enracinement, liberté, compétence…
- la lutte contre le chômage, pour que tous puissent vivre dans la dignité, apporter leur pierre à la construction de la société
- un encouragement clair à tous ceux qui lancent des entreprises et proposent des emplois
- la solidarité internationale
- l’élan européen qui peut encourager d’autres parties du monde à cesser les guerres fratricides entre pays voisins, et trouver eux aussi les chemins de la paix.
Demandons à Dieu de découvrir et partager ses sentiments pour les hommes, pour le monde, Lui qui l’a tellement aimé « qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croie en lui ne se perde pas mais obtienne la vie éternelle » (Jean 3, 16).
Au moment d’une telle élection, humble participation demandée à chacun de nous pour la vie de la cité, nous accomplissons cet acte sans illusion mais sans réserve. Relisons le message des Béatitudes, charte d’une « grâce qui coûte », d’un bonheur qui n’ignore pas les souffrances qu’il nous faut affronter pour le bien de tous « … Heureux les affamés et assoiffés de justice (…) Heureux les artisans de paix » (Mat 5, 3-11).
Cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon
4 mai 2017
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